En ce temps-là, les jeunes de l’île aimaient à se retrouver
les jeudis ou les samedis au centre de l’unique village de l’île, où rapidement
ces rencontres s’accompagnèrent de boissons, rires, musiques, danses
et (important) des filles, bien sûr.
Il existait déjà une maison communautaire où les jeunes vivaient ensemble.
Cette maison décorée avec force créations personnelles, notamment avec
des feuilles de rongony (cannabis), exprimait la liberté de ce lieu
indépendant de toutes contraintes familiales.
La vie des jeunes s’exprimait ainsi sous l’auspice de ces deux phares centraux…
Le reste de la journée était consacré au farniente au bord du lagon,
couché façon carte postale sur le tronc d’un cocotier penché vers la mer, à la
musique et aux rires. Un peu à la pêche, car il faut bien se nourrir et gagner
quelques sous, et un peu au travail pour quelques billets.
Ainsi s’écoulaient les jours jusqu’à ce qu’une belle sirène leur prenne la main
et les fasse vivre ailleurs…
Mais revenons à notre bal poussière !
Celui-ci devint rapidement un lieu de rassemblement, non seulement pour
les jeunes, mais aussi pour les moins jeunes qui regardaient parfois avec nostalgie,
s’exprimer cette bouillante jeunesse qui avec le temps sut les faire participer.
Cela devint un réel évènement de rassemblement.
Sous la conduite d’un leader sponsorisé par des vazahas (étrangers),
l’endroit se pourvut d’un toit modeste renforçant ainsi l’intimité des lieux.
Des murs suivirent très artistiquement peints façon rasta, où Bob Marley
était tout aussi à l’honneur que Che Guevara.
Puis vint la lumière électrique qui remplaça bientôt les petites lampes à huile.
Des petites gargotes proposaient des maskitas (petites brochettes délicieuses)
accompagnées d’achards de papaye verte. Un bar omniprésent se situait
parallèlement à la longueur, sur la largeur était une estrade destinée
à accueillir des petits orchestres, l’autre longueur recevait bancs et tables.
La piste bien évidemment était au centre, pourvue rapidement d’une dalle
en ciment ceint par des carreaux blancs. L’espace central total était seulement
de 12 mètres sur 8, mais ces soirées réunissaient parfois 400 à 500 personnes !!!
Les environs : la brousse et de la terre battue qui par les soirs d’orages
se transformait en bourbier faisant fuir les petits commerces.
Les filles étaient magnifiques, et avaient passé la journée à se pomponner,
se coiffer, confectionner leurs tenues. La musique ?
Très rapidement : « ambiance ampli. »
lumières tournantes et scintillantes Bref, c’était devenu
non pas une boîte de nuit, mais la discothèque…
Ce lieu mythique est resté dans les mémoires de tout « îlôtnattien »
sous le nom de « la case à Beby ».
Elle a disparu l’année dernière laissant place à des souvenirs de grande
force mais aussi le vide de nos rencontres dans une communion certes
païenne, mais tellement fusionnelle …
Dans une prochaine lettre, je vous rapporterai nos parcours épiques
sur les pistes tortueuses de l’île afin de nous rendre dans
ce point fort de notre vie ici.
Le Baron 2020/2021